L’observatoire de la Politique Climatique
Le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg – plus précisément le gouvernement en conseil – a nommé en octobre 2021 les membres de l’Observatoire de la politique climatique (OPC), créé conformément à l’article 7 de la loi nationale luxembourgeoise sur la loi climatique. L’Observatoire peut émettre des avis de sa propre initiative.
La mission de l’OPC consiste à donner des avis sur les projets, actions ou mesures pouvant avoir un impact sur la politique climatique ; à évaluer scientifiquement les mesures réalisées ou envisagées dans le domaine de la politique climatique et d’analyser leur efficacité, ainsi que de proposer de nouvelles mesures ; de rédiger un rapport annuel pour le gouvernement sur la mise en œuvre de la politique climatique ; et de proposer des recherches et des études dans les domaines concernés.
L’OPC est un conseil scientifique actuellement composé de sept membres choisis parmi des personnes ayant une expertise dans un domaine directement lié au mandat de l’Observatoire. D’autres critères de sélection incluent la complémentarité de l’expertise dans les domaines de connaissance pertinents et la diversité des genres. Les domaines d’expertise des membres actuels vont de la modélisation climatique à l’économie et au financement du climat, en passant par la géographie économique et les sciences politiques, l’analyse multicritères et l’évaluation du cycle de vie, la biochimie et la science des systèmes. Quatre membres sont basés au Luxembourg et trois membres sont basés à l’étranger. Pour plus de détails sur les experts, voir l’annexe I. Les membres sont nommés pour un mandat de 5 ans en plus de leur emploi principal ailleurs et disposent d’un budget annuel provenant du budget de l’État7.
Un Secrétariat soutient la mission de l’OPC avec deux autres experts hautement qualifiés dans les projections de gaz à effet de serre (GES), les politiques climatiques et la réglementation environnementale. Le ministère de l’Environnement héberge le Secrétariat. Le Bureau de l’OPC est composé du Président, du Vice-président et du Secrétariat.
Déclaration de mission – la compréhension par les membres de l’OPC de leur rôle
L’OPC s’efforce de contribuer de manière significative à l’information des politiques et des pratiques relatives au changement climatique, en s’appuyant sur des bases scientifiques et en ayant un impact. L’identification des points de levier permettant d’opérer des changements aussi vastes et rapides que possible est une priorité partagée par tous ses membres, étant donné l’urgence de la situation. Sur la base du mandat juridique ouvert et de la diversité de l’expertise et de l’expérience de ses membres, l’OPC estime qu’il possède plusieurs atouts uniques qui lui permettront d’apporter une valeur ajoutée dans des domaines particulièrement difficiles à aborder depuis la position d’un seul ministère ou d’une seule organisation. L’OPC est particulièrement bien placé pour répondre à l’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) selon laquelle “la gouvernance climatique est plus efficace lorsqu’elle interagit avec de multiples domaines politiques, qu’elle aide à établir des synergies et à minimiser les compromis”, et qu’elle relie différents acteurs à travers les secteurs et les niveaux de gouvernance (national, municipal, niveau des acteurs individuels). En outre, le GIEC souligne qu’une gouvernance efficace reposera sur l’habilitation de divers acteurs à s’engager dans des changements profonds des modes de pensée et d’action dominants.
Nos 3 principes
Découvrez nos membres
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Président
La solution au changement climatique mondial doit faire l’objet d’un effort mondial, mais dans la pratique, chaque action compte. Celles-ci doivent inclure des efforts progressifs, basés sur des technologies sans fossile, ainsi que des changements de comportement. Dans le même temps, d’autres changements sociétaux fondamentaux et des changements de mode de vie doivent avoir lieu afin de parvenir à une décarbonisation complète de la société, en conjonction avec tous les objectifs de développement durable.
Andrew Ferrone est un climatologue physique de formation et travaille principalement à l’interface entre la science et la politique climatique. Il est actuellement le chef du service météorologique de l’Administration des services techniques agricoles (ASTA) au Luxembourg. Il est également le représentant permanent auprès de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le chef de la délégation luxembourgeoise auprès du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et coordonne l’équipe de négociateurs de l’Union européenne pour les questions scientifiques dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Andrew a obtenu son doctorat à l’Université catholique de Louvain, sur le thème de l’aviation et du changement climatique en Europe : de la modélisation climatique régionale aux options politiques.
Les changements sociétaux qui s’imposent ne peuvent se produire que si nous prenons des décisions collectives fondées sur les meilleures données scientifiques disponibles. Pour ce faire, il est important de combler le fossé entre la communauté scientifique et les décideurs, ainsi que le grand public. L’OPC devrait jouer un rôle clé dans cette entreprise au Luxembourg, et je suis honoré d’avoir l’opportunité de participer à ce travail.
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Vice-Présidente
Le changement climatique affecte et continuera d’affecter les conditions de vie au Luxembourg. Ma motivation et mon ambition pour l’OPC sont de fournir des informations sur les complexités, notamment en ce qui concerne le climat et la finance durable, et de rendre les connaissances scientifiques accessibles. En s’attaquant activement aux racines et aux causes du changement climatique, je vois également de nombreuses opportunités pour l’avenir durable du Luxembourg, sa société, son environnement et son économie.
Sabine Dörry est une géographe économique et financière. Elle est chercheuse senior à l’Institut luxembourgeois de recherche socio-économique (LISER) et membre fondateur et du conseil d’administration du réseau FINGEO, le réseau mondial de géographie financière. S’appuyant sur des postes de recherche antérieurs et des visites académiques aux universités de Francfort-sur-le-Main, Oxford, Amsterdam et Singapour, son travail actuel se concentre sur l’industrie financière, son organisation et son influence sur les principaux centres financiers. Sabine s’intéresse au développement de méthodes alternatives d’analyse du système financier mondial. Elle s’intéresse notamment à la manière dont l’évolution vers une finance “durable” et la technologisation croissante affectent les activités financières, la (re)conception des institutions financières et la (reconstruction) des économies régionales.
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En rejoignant l’OPC, je suis motivé pour partager mon expérience dans l’évaluation quantitative des impacts environnementaux générés par les activités humaines et les technologies, pour contribuer à l’évaluation des politiques climatiques et à la définition de recommandations d’amélioration. En particulier, j’ai l’intention de me concentrer sur l’évaluation quantitative des effets positifs et négatifs des émissions de carbone, des politiques sur les systèmes socio-techniques, sur l’industrie et vice versa, afin de considérer dans l’analyse les relations de causalité entre les actions politiques et les bénéfices attendus par rapport aux objectifs climatiques. La prise en compte des effets secondaires possibles des politiques climatiques, par exemple sur les catégories d’impact environnemental autres que le changement climatique (par exemple, la biodiversité) ainsi que sur les aspects sociaux, est également très importante dans ma contribution au OPC.
Mes principaux intérêts de recherche portent sur le développement de méthodes et d’indicateurs fondés sur la science pour orienter les voies de décarbonisation durables vers les objectifs climatiques. Je m’appuie sur 25 ans d’expérience de direction dans des institutions de RDI dans le domaine de la durabilité du cycle de vie environnemental et de l’évaluation des risques des produits, des technologies et des politiques, ainsi que sur un large éventail d’expériences dans l’aide à la prise de décision pour l’industrie et les politiques publiques. Sur le plan académique, j’ai contribué à la littérature scientifique en co-rédigeant plus de 120 articles scientifiques évalués par des pairs, plus de 150 actes de conférences scientifiques, 18 chapitres dans des volumes avec ISBN et en éditant un livre en libre accès qui a été consulté plus de 1 million de fois. En ce qui concerne l’impact, j’ai contribué à générer et à diffuser de nouvelles connaissances dans plus de 30 projets de recherche européens et plus de 25 partenariats de recherche collaborative avec des PME, des décideurs politiques et de grandes industries. Je souhaite contribuer de manière générale à améliorer la prise en compte de la durabilité dans la société. J’ai développé des partenariats de recherche et stratégiques avec des ministères nationaux et des institutions internationales (par exemple, l’Alliance mondiale pour des solutions efficaces de Bertrand Piccard). En outre, j’ai été conseiller pour le TEG sur la finance durable de la Commission européenne. Je suis actuellement conseiller dans différents conseils d’administration (par exemple, Spuerkees, Greenworlder, IRT M2P).
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Répondre efficacement et équitablement au changement climatique est une tâche colossale : Rien de moins que la transformation de nos systèmes sociétaux, culturels et technologiques sous-jacents ainsi que des efforts individuels équitables ne suffiront. Chacun a un rôle à jouer.
Claire Dupont est politologue, dont les recherches portent sur les politiques, les politiques et la gouvernance européennes et internationales en matière de climat et d’énergie. Elle travaille actuellement comme professeur associé de gouvernance européenne et internationale à l’université de Gand, en Belgique. Elle est également vice-présidente du comité scientifique de l’Agence européenne pour l’environnement. Originaire d’Irlande, Claire s’est installée à Bruxelles, en Belgique, en 2008, afin de poursuivre son doctorat à la Vrije Universiteit Brussels, dans lequel elle a évalué l’intégration des cadres politiques européens en matière de climat et d’énergie.
Il est clair que nos systèmes de connaissance doivent également évoluer pour contribuer à la transformation nécessaire, notamment en s’engageant davantage et en s’intégrant dans les processus politiques et sociétaux. Je suis honorée d’avoir l’occasion de jouer un rôle dans ces efforts grâce au travail du OPC.
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Travaillons pour des écosystèmes, des systèmes sociaux et des modes de vie sains !
Ariane König est chercheuse à l’Université du Luxembourg, où elle et son équipe sont engagées dans des projets de recherche visant à faciliter et à tirer des enseignements des processus sociaux avec des experts et des parties prenantes pour relever des défis complexes en matière de durabilité. La recherche se concentre sur les systèmes d’alimentation, d’eau et d’utilisation des terres, ainsi que sur l’interaction étroite entre les deux. Nous cherchons à comprendre comment les développements et les transformations dans les sphères de la société, de la technologie, de l’écologie et de la sphère personnelle sont interdépendants, et quels pourraient être les principaux points de levier pour des transformations délibérées en vue d’une société plus durable. König a également mis sur pied et coordonne un programme d’études innovant sur la durabilité et l’innovation sociale, ouvert aux étudiants et aux professionnels. En plus d’être membre de l’Observatoire, König est également membre du Comité consultatif européen de la statistique et a accompli deux mandats en tant que membre du Conseil supérieur national pour un développement durable. Mme König a obtenu sa licence et son doctorat à l’université de Cambridge, Emmanuel College, et a d’abord travaillé sur la réglementation des risques pour une grande multinationale des sciences de la vie. Elle a ensuite rejoint les universités de Harvard et d’Oxford, où elle a mené des recherches et enseigné des cours de formation post-universitaires et exécutifs sur la gouvernance des nouvelles technologies et des risques, en mettant l’accent sur la production agricole alimentaire durable. Elle a également travaillé en tant que consultante scientifique indépendante pour l’OCDE, la Commission européenne et des consortiums de recherche de l’UE. Elle a publié plus de 50 ouvrages, dont le plus récent, intitulé “Sustainability Science : Key Issues’ a été publié par Routledge en 2018.
La durabilité exige de transformer la façon dont nous pensons à nous-mêmes, aux autres personnes et à l’environnement dans lequel nous vivons et travaillons, et dont nous entretenons des relations avec eux. Ce n’est pas facile étant donné que notre système social et nos infrastructures produisent des schémas de pensée et de comportement auxquels il est difficile d’échapper”. Les cours, le programme d’études et les projets de recherche que j’ai mis en place depuis 2010 servent à équiper les agents du changement, de sorte que nous puissions mieux reconnaître les points de levier pour le changement local et systémique, et évaluer et apprendre de ces changements en réseau. Cela peut impliquer la science citoyenne, le travail sur les scénarios et d’autres moyens. Avec mon équipe de recherche, et à titre personnel, je m’efforce d’améliorer la façon dont nous nous engageons et régénérons une eau, un sol et une biodiversité sains, au Luxembourg et au-delà. Dans mon jardin biologique, je suis fière d’accueillir d’innombrables lézards, diverses souris, un ver lent et un rare serpent lisse, qui semblent apprécier les nombreux insectes et les légumes et fruits sans emballage ni logistique qui s’y trouvent autant que ma famille et moi.
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En 2050, j’aurai 65 ans et j’attends avec impatience ma retraite. Cette même année, au plus tard, nous devrons atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles afin de limiter le réchauffement climatique. C’est mon objectif professionnel de pouvoir dire à ma retraite : Le monde a réussi à stopper le réchauffement climatique – et j’y ai contribué !
Mirjam Kosch est une scientifique environnementale enthousiaste et a terminé son doctorat en économie à l’ETH Zurich sur la politique climatique dans le secteur de l’électricité. Dans le cadre de sa thèse de doctorat, elle a analysé empiriquement l’impact des subventions aux énergies renouvelables et de la tarification du carbone. Actuellement, elle travaille à l’Institut de recherche sur l’impact du climat de Potsdam sur l’impact des prix des carburants et du carbone sur les prix de l’électricité, ainsi que sur l’expansion du système européen d’échange de quotas d’émission et son interaction avec différents instruments politiques. En tant qu’économiste climatique moderne, elle est convaincue que la tarification du carbone doit être un instrument central des politiques climatiques, mais qu’elle doit être complétée par un large éventail de mesures.
Depuis mes études de licence, je suis fascinée par l’interface science-politique. Ce n’est que lorsque les deux parties s’engagent activement dans le dialogue entre scientifiques et décideurs politiques que nous pouvons vraiment faire la différence. Les petits pays où les gens se connaissent, comme le Luxembourg ou mon pays natal, la Suisse, peuvent montrer la voie en tant que pionniers dans ce domaine. Je suis donc très heureux de faire partie de l’OPC et j’espère contribuer à la compréhension mutuelle entre les deux mondes.
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J’ai eu 65 ans en 2022, et je souhaite transmettre ce que j’ai appris tout au long de ma carrière de climatologue, sans embellir la réalité ni faire croire que tout est sombre. Dans les institutions et les groupes où j’ai la chance d’être actif, notamment au sein de l’OPC, je continuerai à plaider pour le respect de l’environnement et de toutes les formes de vie, les droits de l’homme, l’égalité des femmes et des hommes, la vérité, la justice, la science, l’écoute, l’empathie, la diversité et l’inclusion. Je souhaite mettre mon énergie et mon temps au service d’une prise en compte sérieuse des conclusions du GIEC par les décideurs politiques, les acteurs économiques, le secteur de l’éducation et les citoyens. Ce faisant, je souhaite rappeler qu’il existe de nombreuses solutions aux différents défis auxquels l’humanité est confrontée, et soutenir les jeunes qui veulent construire un monde meilleur.
Jean-Pascal van Ypersele est professeur titulaire de climatologie et de sciences du développement durable à l’UCLouvain (Université catholique de Louvain, Belgique) et membre de l’Académie royale de Belgique. Physicien et modélisateur climatique ayant travaillé au NCAR (National Center for Atmospheric Research, USA), il a publié conjointement avec des spécialistes des sciences naturelles et sociales de nombreux articles sur le changement climatique et le développement durable à l’échelle mondiale et régionale, et ce depuis quarante ans. Il s’est beaucoup impliqué dans le GIEC depuis 1995 et a été vice-président du GIEC de 2008 à 2015. Il a coécrit le premier rapport quadriennal des Nations unies sur le développement durable mondial (2019) et a été membre du conseil de mission de l’UE sur l’adaptation au changement climatique, y compris la transformation sociétale (2019-2021). Il a participé à la plupart des conférences de l’ONU sur les questions climatiques depuis 1979, y compris les COP. Il informe régulièrement les chefs d’État et gouvernements et est occasionnellement consulté par Greta Thunberg.